Page:About - Le Roi des montagnes.djvu/44

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Soutzo de l’Académie de Platon, qu’un président de l’aréopage mit en loterie il y a quelques années, et j’entrai dans le bois d’oliviers. Les grives matinales et les merles, leurs cousins germains, sautillaient dans les feuillages argentés et bavardaient joyeusement sur ma tête. Au débouché du bois, je traversai de grandes orges vertes où les chevaux de l’Attique, courts et trapus comme sur la frise du Parthénon, se consolaient du fourrage sec et de la nourriture échauffante de l’hiver. Des bandes de tourterelles s’envolaient à mon approche, et les alouettes huppées montaient verticalement dans le ciel comme les fusées d’un feu d’artifice. De temps en temps une tortue indolente traversait le chemin en traînant sa maison. Je la couchais soigneusement sur le dos, et je poursuivais ma route en lui laissant l’honneur de se tirer d’affaire. Après deux heures de marche, j’entrai dans le désert. Les traces de culture disparaissaient ; on ne voyait sur le sol aride que des touffes d’herbe maigre, des oignons d’ornithogale ou de longues tiges d’asphodèles desséchées. Le soleil se levait et je voyais distinctement les sapins qui hérissent le flanc du Parnès. Le sentier que j’avais pris n’était pas un guide bien sûr, mais je me dirigeais sur un groupe de maisons éparpillées au revers de la montagne, et qui devaient être le village de Castia.

Je franchis d’une enjambée le Céphise éleusinien, au grand scandale des petites tortues plates qui sautaient à l’eau comme de simples grenouilles. À cent pas plus loin, le chemin se perdit dans un ravin large et profond, creusé par les pluies de deux ou trois mille hivers. Je supposai avec quelque raison que le ravin devait être la route. J’avais remarqué, dans mes excursions pré-