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ment du coloris, vous conviendrez sans difficulté qu’il est aussi absurde de diviser les peintres en dessinateurs et en coloristes, que de diviser les hommes en philosophes et en joueurs de quilles.

La couleur est donc un luxe, mais un luxe admirable, que presque tous les maîtres se sont donné. Le dessin, est l’essence de l’art, la condition sine quâ non de la peinture. Je dénie formellement la qualité de peintre à l’homme qui ne dessine pas. Quant aux coloristes purs, s’il s’en rencontre, ils prendront rang à la droite des teinturiers.

Mais le dessin est un mot sur lequel on ne s’entend guère : permettez-moi de le définir et de l’expliquer.

Le dessin est l’art de simuler le relief sur une surface plane par des lumières et des ombres. Ce n’est pas, comme on le pense au collège et en quelques autres lieux, l’art de tracer un contour avec la pointe d’un clou.

Lorsqu’un écolier vient passer le dimanche dans sa famille, et qu’il apporte, dans un rouleau de papier gris, un joli petit âne dessiné au trait, les bons parents se rassemblent autour de ce chef-d’œuvre plein de promesses. On l’étudie de près ; on reconnaît que le contour est bien celui d’un âne, que les jambes sont à leur place, que les oreilles ont la longueur voulue, et qu’il faudrait être aveugle-né pour prétendre que l’enfant n’a pas réussi à faire un