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et croissante, qui grandit presque à vue d’œil, comme une plante des tropiques ; on suspend sa respiration pour regarder courir ce peuple aventureux qui galope follement dans tous les chemins du progrès, au risque de s’y rompre le cou.

J’avais quitté Paris au milieu de mars, un grand mois avant la fin de l’hiver. Mais les hivers de Paris sont si agréables qu’un homme de travail ne saurait s’y arracher trop tôt. Je m’en allais très-loin et pour longtemps, chargé de mille questions à résoudre, heureux d’avoir un but, et consolant tous mes regrets par l’espoir de rapporter un livre.

De Paris à Marseille, le voyage me parut très-long, car je sentais que dans un avenir prochain on pourrait le faire plus vite. Sans doute il est agréable de traverser la France en vingt heures, dans une excellente voiture ; mais la vapeur ne tient pas encore tout ce qu’elle nous a promis. Lorsqu’on voyage pour voyager, c’est-à-dire pour jouir à chaque pas de la variété des objets, on ne saurait aller trop lentement ; mais lorsqu’on prend le chemin de fer, c’est pour arriver, et non pour autre chose : on ne saurait donc aller trop vite. Le chemin de Paris à la Méditerranée, un des plus parfaits qui soient en France, s’arrête encore trop souvent et trop longtemps lorsqu’il traîne des voyageurs. Il transporte la malle des Indes en douze heures ; il a fait mieux ces jours passés : une locomotive expédiée de Marseille avec un paquet de l’administration est tombée, neuf heures après, comme une bombe, dans la gare de Paris. Voilà le véritable emploi des chemins de fer. Pour la simple promenade, une canne suffit.