Page:About - Rome contemporaine.djvu/56

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avec la pointe d’un clou. Il fut élu à l’unanimité par le conseil de ville, et le bourgmestre se fit un devoir d’en informer le préfet. « Votre seigneurie, lui dit-il, appréciera les sentiments qui nous ont inspirés. C’est nous qui avons jeté ce jeune homme dans la peinture en lui fournissant les moyens d’étudier. Puisqu’il n’a pas réussi, nous devons lui assurer des moyens d’existence. — Mais quoi ? reprit l’administrateur intelligent, parce que ce garçon a prouvé son incapacité à Munich, vous lui donnez la place d’un homme capable ! Vous ne savez pas tout le mal qu’un professeur de dessin peut faire dans un pays, et quelle influence déplorable il exerce sur le goût du public. — C’est à nos risques et périls, reprit le bourgmestre ; d’ailleurs c’est nous qui payons. — Hé ! morbleu ! un homme a-t-il le droit d’empoisonner ses enfants, sous prétexte qu’il a payé le poison ? »

« L’architecte, le conservateur et le professeur triomphaient dans leur nullité à la barbe du préfet, lorsque le roi vint à passer. C’était un roi fort doux, comme on sait, mais artiste à outrance et intraitable dans les questions de goût. Il manda le bourgmestre et les conseillers à l’hôtel de la préfecture et leur dit : « Bonnes gens, vous croyez avoir le droit de bâtir des édifices ridicules, de saccager les tableaux de votre musée et de fausser le goût de vos enfants, parce que le maître de dessin, le conservateur du musée et l’architecte de la ville sont payés sur votre budget. Ce préjugé est établi dans tous les chefs-lieux de mon royaume ; aussi n’ai-je pas dix hommes de goût hors de Munich. Il est temps de changer de régime. Je veux que tous les édifices publics soient construits par des architectes à moi, que les conservateurs de tous les