Page:About - Rome contemporaine.djvu/58

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y entrerons de plain-pied. Si j’avais parcouru la route en pèlerin, le sac sur le dos, comme les artistes du bon vieux temps, j’aurais bien des paysages à décrire et des scènes d’auberge à raconter. Mais je suis parti sur un bateau des Messageries, à dix heures du soir, heure militaire, et je suis descendu à Civita-Vecchia trente heures après, sans avoir eu le mal de mer. Voilà tous les incidents du voyage. Le paysage n’a pas varié un instant : bleu partout. Je pourrais vous donner le portrait et l’histoire de mes compagnons de traversée, mais je n’aurais que du bien à vous en dire ; et d’ailleurs, comme ils ne sont pas des hommes publics, leurs affaires ne vous regardent pas.


Il en est un cependant que je me rappelle avec trop de plaisir pour n’en pas dire quelques mots. C’est M. de Bailliencourt, colonel du 40e de ligne, et l’un des hommes les plus aimables, les plus ronds, les plus ouverts que j’aie rencontrés en aucun pays.

J’ai toujours aimé les soldats. Singulier goût, dira-t-on, chez un auteur qui se pique de philosophie. Parbleu ! je sais comme vous que l’homme n’est pas sur cette terre pour tuer les autres hommes. L’activité, le courage et l’intelligence ont mille emplois plus utiles et plus élevés ; je ne prétends pas engager de discussion là-dessus. Mais j’aime les soldats, et c’est plus fort que moi. Je les aime avec leurs qualités et leurs défauts, leur instruction et leur ignorance, leur grandeur d’âme et leurs travers, et