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surtout avec cette éternelle jeunesse de cœur qui les distingue de nous. Ce qui plaît aux bonnes d’enfant, aux grisettes et quelquefois aux grandes dames, c’est l’uniforme. Ce qui me séduit dans le soldat, quel que soit son grade, c’est un certain degré de naïveté honnête, une généreuse ignorance du mal, une demi-virginité de l’âme qui se conserve sous l’uniforme jusque dans un âge assez avancé.

Mon honorable compagnon de voyage est encore jeune ; je crois qu’il est sorti de Saint-Cyr en même temps que M. le maréchal Canrobert. Et pourtant c’est déjà un vieux soldat. Il aime l’armée comme une patrie, le régiment comme une famille, le drapeau comme un clocher. Un numéro inscrit sur les boutons d’une tunique lui fait battre le cœur. En débarquant à Civita-Vecchia, il a poussé un cri de joie en reconnaissant un homme de son régiment. Il me raconte, en caressant sa moustache avec une joie attendrissante, qu’on viendra demain matin, musique en tête, lui rapporter le drapeau.

Cet homme bien né, cet homme du monde, a demandé un congé d’un mois pour revoir sa famille après une absence de plusieurs années. Il revient au régiment avant l’expiration de son congé : la nostalgie du drapeau l’avait pris.


À Civita-Vecchia, j’ai pris la poste comme un homme de qualité. Elle coûte deux ou trois francs de moins que la diligence lorsqu’on sait la manière de s’en servir, et elle arrive beaucoup plus tôt. Je crois, Dieu me pardonne ! que nous avons fait la route en sept heures. Mes quatre