Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/100

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– Vous vous appelez Belle-Rose ? demanda la dame au fils du fauconnier, d’une voix vibrante dont elle cherchait à dissimuler le doux éclat.

– Oui, madame.

– Et vous venez de la part de M. d’Assonville ?

– Il a dû vous en instruire.

– Le connaissez-vous depuis longtemps ?

– Mon père était le serviteur du sien.

– Son serviteur ! Vous êtes donc de ses gens ?

– Je suis soldat, et M. d’Assonville m’a parfois fait l’honneur de m’appeler son ami.

– Ah ! fit la dame avec un accent où la surprise se mêlait au dédain.

Puis elle reprit :

– Ne savez-vous rien des causes qui ont engagé M. d’Assonville à vous envoyer vers moi ?

– Rien.

– Qui peut m’en assurer ?

– Ma parole.

– Votre parole !… dit-elle en secouant son éventail.

Elle n’ajouta pas un mot, mais il n’y avait pas à se méprendre sur l’expression de sa voix.

– Ceux qui croient au mensonge pratiquent le mensonge, dit Belle-Rose hardiment.

L’inconnue tressaillit, mais ne répondit pas, et s’adressa au guide de Belle-Rose, en s’exprimant dans une langue étrangère.

– Eh ! madame, je ne le puis ! répliqua le guide en français.

– Qui t’en empêche ?

– Le soldat, qui m’a retenu tout le long du sentier et qui me retient encore.

– C’est une fantaisie que je veux bien lui pardonner, mais qui va finir à l’instant.

Belle-Rose ne répondit rien, mais ses doigts ne cessèrent pas un instant de se nouer autour du poignet du guide.