Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/113

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et elles étaient encore trop confuses pour qu’il songeât à les analyser.

– M. de Villebrais est cependant une forte lame ? reprit la dame en suivant du regard sur le visage de Belle-Rose le reflet de ses fugitives pensées. Vous êtes donc bien redoutable une épée à la main ?

– J’avais le bon droit de mon côté, madame.

– Si vous défendez si vaillamment une sœur, que feriez-vous donc pour une maîtresse ?

– Je ferais de mon mieux.

– Bien gardée alors sera celle que vous aimerez !

À ces mots qui lui rappelaient Suzanne, Belle-Rose rougit. La dame s’en aperçut.

– Ah ! vous aimez ! reprit-elle d’une voix brève en jetant au blessé un coup d’œil rapide et profond.

En ce moment, une camériste entra dans l’appartement. En voyant Belle-Rose elle tressaillit ; mais l’inconnue, faisant le geste de ramener ses cheveux derrière son épaule, promena son doigt sur ses lèvres.

– La voiture que madame la duchesse a demandée est prête, dit la camériste.

La duchesse se leva. Belle-Rose voulut la saluer, mais l’effort qu’il venait de faire en se redressant avait épuisé ses forces ; il chancela et s’appuya sur le dos d’un fauteuil pour ne pas tomber.

– M. de Villebrais se meurt, dit tout bas la camériste à sa maîtresse.

La duchesse s’était avancée vers la porte ; en se retournant pour jeter un dernier regard à Belle-Rose, elle vit la pâleur livide étendue sur son front, qu’humectait un filet de sang. D’un geste hautain elle repoussa la camériste et s’élança vers lui.

– Je reste, dit la duchesse.