Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/120

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– Oh ! voilà qui sent la Flandre d’une lieue ! Ce nom-là ne se peut-il pas traduire en français ?

– Très aisément : Grinedal signifie tout juste vallon vert ou verte vallée. Vous verrez que mes aïeux sont nés au beau milieu d’une prairie, entre deux collines.

– Alors, monsieur Grinedal, vous me permettrez bien de vous nommer M. de Verval ?

– Eh ! madame, est-il donc dans ma destinée de changer de nom à tout propos ?

– J’ignore si la chose est dans votre destinée, mais elle est dans mon désir.

– J’y souscris ; mais encore veuillez m’en dire les motifs ?

– Je pourrais vous répondre que vous vous nommerez M. de Verval parce que telle est ma fantaisie. Vous aviez été baptisé par le droit de l’épaulette, vous l’êtes à présent par le droit du caprice. Cette autorité n’en vaut-elle pas une autre ?

– Elle vaut mieux.

– Certes ! M. de Nancrais n’est que capitaine, et je suis femme.

– Je me tais et mets M. de Verval à vos ordres.

– C’est un moyen de sauver Belle-Rose.

Belle-Rose comprit ; les laquais pouvaient tout à leur aise causer de M. de Verval. Jamais, sous le nom du gentilhomme, Bouletord et la maréchaussée ne flaireraient le sergent d’artillerie. Durant une absence que fit Mme de Châteaufort, M. de Verval, ou Belle-Rose, comme on voudra, rendu à ses souvenirs solitaires, vit se dresser dans son âme l’image sereine de Suzanne ; auprès d’elle passèrent les ombres attristées de Claudine, de M. d’Assonville, de M. de Nancrais, de Cornélius Hoghart. La voix de sa conscience cria dans la solitude ; il rougit de son repos et de cette fiévreuse oisiveté qui l’attachait près d’une femme quand le soin de son bonheur l’appelait à Laon, et plein de trouble, il prit la résolution de rompre les liens nouveaux où s’enchaînait