Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/158

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Belle-Rose répondit affirmativement à cette question ; mais pour la justification de son honneur de soldat, il pria le tribunal de vouloir bien l’entendre, et, sur l’autorisation du major, il raconta la scène à la suite de laquelle le duel avait eu lieu. Cette déclaration fut écoutée dans un profond silence. Une vive rumeur parcourut l’assemblée. Le peuple absolvait le soldat.

Le major prit sur la table du conseil une liasse de papiers :

– Les aveux de l’accusé Belle-Rose, dit-il, sont conformes aux déclarations écrites et signées qui nous ont été envoyées de Paris : l’une provient du cocher qui a conduit le sergent et sa sœur ; l’autre est d’un gentilhomme irlandais, Cornélius Hoghart, qui a été témoin du combat. Elles n’ont point été démenties par M. de Villebrais, à qui elles ont été transmises et dont nous regrettons l’absence en ce moment.

Après l’audition de ces faits, le conseil de guerre, considérant l’action de Belle-Rose comme un cas de légitime défense, écarta l’accusation d’attentat contre la personne d’un officier. Le crime de désertion restait seul en cause.

– Après votre duel avec le lieutenant de Villebrais, pourquoi ne vous êtes-vous pas rendu à Laon, où se trouvait alors votre compagnie ? reprit le major.

– C’était mon intention d’abord, mais un accident m’en a empêché.

– Une blessure peut-être ?

– Oui, major.

– Mais vous pouviez écrire, et vous mettre en route après votre guérison.

– C’est vrai.

– En restant au lieu où vous étiez, vous vous rendiez coupable du crime de désertion, le saviez-vous ?

– Je le savais et me reconnais coupable.

– Avez-vous du moins quelques explications à nous donner sur les causes de votre absence ?