Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/174

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

puissante, elle avait la double autorité des armes et des lettres, et sa suprématie s’étendait à toutes choses, à celles de l’esprit comme à celles de la politique : elle commandait par l’épée et gouvernait par la plume. Durant les courts loisirs de la paix, les nations qu’elle avait vaincues pendant la guerre venaient s’instruire à ce foyer de lumières qui rayonne au milieu de l’Europe, dans ce Paris merveilleux qui enfante des philosophes ou des soldats, des livres ou des révolutions pour mener le monde ! Louis XIV, conseillé par le cardinal Mazarin, avait signé, le 7 novembre 1659, le traité des Pyrénées, la perte de la bataille des Dunes, la prise de Dunkerque, de Gravelines, d’Oudenarde et d’autres places importantes, ayant décidé l’Espagne à proposer une paix qui fut acceptée. À la paix signée dans l’île des Faisans, Louis XIV gagna la confirmation de l’Artois, le Roussillon, Perpignan, Mariembourg, Landrecies, Thionville, Philippeville, Gravelines, Montmédy et la main de Marie-Thérèse, fille de Philippe IV, infante d’Espagne. Louis XIV, maître chez lui, pensa dès lors à devenir maître dehors. Durant huit années, il s’appliqua à cimenter des alliances, à neutraliser les efforts des puissances dont il pouvait redouter la rivalité, à faire éclater partout la suprématie de la France. L’Espagne a reconnu la préséance de la France à la suite d’une querelle survenue à Londres entre les ambassadeurs des deux pays ; le pape Alexandre V est contraint de désavouer, par une éclatante et publique réparation, l’outrage fait à l’ambassadeur de France par sa garde corse ; Dunkerque et Mardick sont rachetées aux Anglais pour cinq millions de francs ; l’alliance avec les Suisses est renouvelée, Marsal en Lorraine est prise, les pirates d’Alger sont punis, les Portugais soutenus contre les Espagnols, et l’empereur Léopold reçoit un secours de six mille volontaires qui l’aident contre les Turcs et prennent une part glorieuse à la bataille de Saint-Gothard. Cependant le roi de France attendait son heure ; les plus habiles généraux