Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/191

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– Monsieur de Nancrais, dit-il, vous avez hier manqué gravement à la discipline ; vous qui deviez, comme officier, donner l’exemple de la soumission, vous avez désobéi aux ordres de vos supérieurs et mérité, par ce fait, un sévère châtiment : vous êtes déchu et cassé de votre grade. Hier, vous m’avez remis votre épée ; vous devez maintenant perdre vos épaulettes. Messieurs, faites votre devoir.

À ces mots, deux officiers s’approchèrent de M. de Nancrais et lui enlevèrent les insignes de son commandement. M. de Nancrais pâlit légèrement. Belle-Rose, glacé de terreur, n’osait pas faire un seul mouvement.

– Les lois militaires vous condamnent à mort, vous le savez, monsieur, continua le duc de Luxembourg ; n’avez-vous rien à dire pour votre défense ?

– Rien ; votre sentence est juste, et je l’ai méritée. Quand on viole les lois de la discipline ainsi que je l’ai fait, on n’ajoute pas à sa faute une maladresse, celle de rester vivant.

– Allez donc, monsieur.

À ces mots funèbres, Belle-Rose cacha sa tête entre ses mains, de grosses gouttes de sueur perlaient sur son front. M. de Nancrais fit quelques pas vers la porte ; il allait en franchir le seuil, lorsque la voix du général l’arrêta.

– Approchez, monsieur, dit-il.

M. de Nancrais, surpris, revint prendre sa place au milieu de la salle. Belle-Rose releva la tête.

– Au nom du roi, reprit M. de Luxembourg, et agissant en raison des pouvoirs qui m’ont été conférés, je vous fais remise de la peine de mort.

– Vous me graciez, moi ! s’écria le capitaine en faisant deux pas en avant. Dégradé et vivant ! Mais que voulez-vous donc que je devienne ?

– Écoutez-moi jusqu’au bout, monsieur, et si vous avez à faire quelques réclamations, vous les ferez après.