Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/242

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son côté. Quant à lui, il se coucha dans un fossé sur le bord de la route qu’avait suivie Mme de Châteaufort et attendit. Cependant, à l’heure convenue, Belle-Rose vit s’avancer Camille, qui gouvernait d’une main sûre un beau genêt d’Espagne.

– Êtes-vous prêt ? lui dit le faux page.

Belle-Rose, pour toute réponse, sauta sur un cheval que Grippard tenait par la bride. Camille lâcha les rênes du genêt, et Belle-Rose piqua des deux à sa suite. Ils n’avaient pas fait un quart de lieue qu’ils entendirent un cavalier courant à bride abattue sur la route. Belle-Rose se retourna, et, dans le clair-obscur, il reconnut son frère qui arrivait sur lui comme la foudre.

– Cornélius est près de Claudine, Claudine m’envoie près de toi, lui dit Pierre.

Belle-Rose lui tendit la main, et tous trois, penchés sur la croupe des chevaux, passèrent comme des fantômes. M. de Villebrais se dressa, un amer sourire éclaira son visage.

– Si Mme de Châteaufort me le livre, dit-il, je pourrai bien, au prix de l’homme, pardonner à la femme.

Il y avait entre Marchienne-au-Pont et Charleroi, sur la route la plus directe de Landely, un régiment de cavalerie dont il était impossible, après le coucher du soleil, de traverser le bivouac sans avoir le mot d’ordre. M. de Villebrais, qui n’ignorait pas cette circonstance, tourna au midi de Charleroi, passa la Sambre un peu au-dessous du camp, et se lança dans la campagne, du côté de Landely. Le ciel était pur, et la lune, qui montait à l’horizon, guidait sa marche rapide. Au bout d’une heure, il vit parmi les arbres, et de l’autre côté de la Sambre, qui s’épanchait entre deux rives sombres comme une ceinture d’argent, une lumière qui tremblait. M. de Villebrais fouetta son cheval, qui hennit de douleur et bondit sur le sable. D’autres hennissements lui répondirent sur les deux rives.

– Ils sont là ! pensa M. de Villebrais. – Et, penché sur