Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/243

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l’encolure du cheval qui mordait son frein, il se mit à chercher le gué sur le rivage. Il crut le reconnaître à une pierre qu’il avait remarquée dans la soirée, et il se jeta hardiment dans l’eau qui semblait rouler des vagues de diamants.

Cependant Camille et Belle-Rose atteignirent le pavillon de Landely. Le garde les introduisit dans une antichambre où Camille s’arrêta. Belle-Rose pénétra dans une seconde pièce où Mme de Châteaufort l’attendait. Pierre s’était assis à la porte du pavillon. Geneviève accueillit Belle-Rose avec un pâle et triste sourire.

– Je vous ai fait venir, lui dit-elle, pour vous parler d’un enfant qui n’a plus de père et que sa mère veut vous confier. Il ne faut pas qu’il grandisse seul.

– En vous communiquant la mission dont M. d’Assonville m’a chargé, dit Belle-Rose, je n’ai jamais prétendu vous ravir le droit de voir et d’embrasser votre fils. Ne pouvons-nous veiller ensemble sur lui ?

Mme de Châteaufort secoua la tête.

– Hier, c’eût été le plus doux de mes rêves ; mais ce n’était qu’un rêve ! je me suis réveillée.

La voix de Mme de Châteaufort était si profondément désespérée, que Belle-Rose lui prit la main.

– Geneviève, lui dit-il, oubliez que vous êtes femme pour vous souvenir que vous êtes mère.

– Je ne puis rien oublier, rien ! reprit-elle. Vous voulez que nous veillions ensemble sur cet enfant. Hélas ! le pouvons-nous ? Quand vous le verrez beau comme un ange et souriant entre nous, quel regard aurez-vous pour la mère ? Tenez, Jacques, hier j’ai tout compris. Le malheur est sur moi ! Quand M. d’Assonville est mort, j’étais là ! Quand le sang de votre père a coulé, j’étais là ! Le reproche a lui dans vos regards, ce reproche était dans votre cœur, et maintenant, quoi que vous fassiez, l’idée du meurtre se mêlera toujours à mon souvenir ! Et d’ailleurs, l’image d’une autre femme est dans votre