importance, à voir la hâte qu’on mettait à me poursuivre.
– Et vous ne vous trompiez pas. Vous ne seriez point ici sans cela.
– Je m’en doute bien un peu.
– Un mot peut vous en tirer, monsieur.
– Un seul, monseigneur ?
– Un seul. Vous voyez que je mets à votre liberté une bien légère condition.
– Eh ! monseigneur, il y a des mots qui valent des têtes.
– Prenez garde aussi que le silence n’engage la vôtre !
La colère gagnait M. de Louvois ; à tout instant la fougue irascible de son caractère se faisait jour ; quant à Belle-Rose, il ne perdait rien de sa tranquillité calme et fière.
– Brisons là ! reprit le ministre ; il s’agit de savoir si vous voulez sauver votre tête, oui ou non.
– Serait-elle menacée, monseigneur ?
– Plus peut-être que vous ne pensez.
– Et tout cela parce que j’ai payé cent mille livres ces papiers que je n’ai pas lus. Du sang pour de l’encre, vous êtes prodigue, monseigneur !
– Un mot peut vous sauver, un mot, je vous l’ai dit, reprit M. de Louvois, qui contenait mal sa colère.
– Et lequel ?
– Le nom de la personne pour qui vous avez enlevé ces papiers.
Belle-Rose ne répondit pas.
– M’avez-vous entendu, monsieur ? s’écria le ministre.
– Parfaitement.
– Que ne parlez-vous donc ?
– C’est qu’en vérité il m’est impossible de le faire.
– Et pourquoi ?
– Si je vous disais que je les ai pris pour moi et par l’effet seul de ma propre volonté, me croiriez-vous ?
– Non, certes.