Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/289

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– Belle-Rose sera transporté à la citadelle de Châlons, dit-il ; il vous sera permis de le voir. Après le crime dont il s’est rendu coupable, c’est tout ce que je puis faire pour lui, et encore ne l’aurais-je pas fait si vous n’étiez pas sa fiancée.

La Déroute n’avait pas perdu de temps. Les hommes qu’il s’était associés n’attendaient qu’un signal pour agir, et sur l’avis qu’il reçut de Mme d’Albergotti, il se tint prêt. Le lendemain, à la tombée de la nuit, le lieutenant de la Bastille entra chez Belle-Rose et le prévint qu’un ordre du ministre l’envoyait à la citadelle de Châlons.

– Une chaise de poste va vous conduire, lui dit-il.

Belle-Rose se leva et s’habilla. Un exempt l’attendait dehors de la sombre forteresse ; près de lui se tenaient deux soldats de la maréchaussée. Le postillon était en selle. L’exempt était le même qui l’avait arrêté rue du Pot-de-Fer-Saint-Sulpice, chez M. Mériset. L’un des gardes de la maréchaussée était Bouletord. L’ex-canonnier salua Belle-Rose d’un sourire.

– Nous avons joué quitte ou double, j’ai gagné, lui dit-il.

Belle-Rose passait sans répondre, lorsqu’en levant les yeux, il vit à cheval, en costume de postillon, l’honnête la Déroute qui faisait claquer son fouet, et venait de relever un bandeau qu’il s’était appliqué sur le visage afin de n’être pas reconnu. Un cri de surprise faillit jaillir des lèvres du prisonnier, mais le sergent promena un doigt sur sa bouche, et Belle-Rose sauta sur le marchepied de la voiture.

– Eh ! dit-il à Bouletord, c’est une autre partie qui commence.

L’exempt s’assit à côté de Belle-Rose. Les deux gardes se placèrent sur la banquette du devant, et la Déroute brandit son fouet.

– Eh ! camarades, s’écria-t-il, passez vos bras dans