Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/325

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– Ma foi, mon beau cousin, si le genre humain avait commencé par Mme d’Albergotti, je crois fort que le péché n’eût jamais été inventé, si bien que nous ne vivrions ni l’un ni l’autre.

– C’est-à-dire que vous avez échoué ?

– Radicalement.

– Vous l’avais-je prédit !

– Eh ! parbleu ! on est à peu près sûr de triompher d’une femme, et vous m’envoyez vers un phénomène ! Sur ma parole, Héloïse, de fidèle mémoire, n’est point digne, à mon avis, de lacer le corset de Mme d’Albergotti.

– Bref, elle aime mieux la prison ou le cloître que votre personne ?

– Vous m’en voyez tout humilié. Savez-vous bien, monseigneur, que s’il y avait beaucoup de ces femmes-là à Paris, il faudrait se faire moine ou naître abbé. C’est d’un très mauvais exemple pour la cour, et je ne saurais trop vous engager à l’enfermer au plus vite.

– Reposez-vous sur moi de ce soin, répondit M. de Louvois en écrivant quelques mots sur un papier.

– Eh bien ! que Votre Excellence me traite de tête sans cervelle, de fou, de visionnaire, je crois, sur mon honneur ! que je suis en train d’aimer Mme d’Albergotti depuis qu’elle m’a parlé de la sorte.

– Aimez-la tant qu’il vous plaira. Il faudrait que vous fussiez son mari pour l’empêcher d’aller au couvent.

– C’est donc bien décidément votre intention de l’enfermer ?

– Je ne répète jamais deux fois la même chose, mon cousin. Et puis, ne le savez-vous pas, l’oiseau en cage appelle l’oiseau du ciel. Avec un, le chasseur en a deux.

– Vous êtes un terrible homme, monseigneur.

– Oh ! je commence, murmure M. de Louvois. Ceux qui ne voudront pas plier casseront.

– Allons ! s’écria M. de Pomereux, qui l’avait écouté,