Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/326

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me voilà fixé, et très décidément je suis amoureux de Mme d’Albergotti.

– Vous voyez que j’y mets de la complaisance, je vous la garde.

L’accent de M. de Louvois fit tressaillir M. de Pomereux, qui n’était pourtant pas trop facile à émouvoir. Il tourna vers la porte du cabinet où était Suzanne un regard de pitié, et sortit.

Aussitôt après, M. de Louvois eut un instant de conférence avec M. de Charny.

– Eh bien ! lui dit le ministre, elle refuse M. de Pomereux.

– C’est qu’elle aura flairé le tombeau, répondit froidement M. de Charny.

– Il nous reste le couvent, c’est encore assez joli, reprit M. de Louvois en mettant sa signature au bas de la lettre qu’il venait d’écrire.

– Bah ! fit le confident, une cellule vaut une bière.

Bientôt après, un huissier vint avertir Mme d’Albergotti qu’il était temps de partir. La marquise se leva et descendit dans la cour de l’hôtel, où elle vit un carrosse aux armes du ministre. Le gentilhomme qui l’avait, dans la matinée, conduite à M. de Louvois, l’attendait sur le perron. C’était M. de Charny. À la vue de ce pâle et froid visage, Mme d’Albergotti eut un frisson ; elle détourna les yeux et sauta, sans lui prendre la main, dans la voiture, où M. de Charny s’assit bientôt après. Le cocher fit claquer son fouet et les chevaux partirent. Comme le carrosse tournait dans la cour, Mme d’Albergotti vit par la portière le visage de M. de Louvois, qui regardait derrière les vitres de son cabinet ; mais les chevaux allaient au galop et ce fut comme une vision.

– Où me conduisez-vous, monsieur ? demanda Suzanne à M. de Charny.

– Au couvent des dames bénédictines de la rue du Cherche-Midi.