Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/369

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pied, bon œil et bonne épée. J’aurai fait bien du chemin quand le capitaine Belle-Rose viendra me joindre.

– Comment te joindre ? Veux-tu donc qu’il aille se faire remettre à la Bastille ? s’écria Cornélius.

– Ah çà ! voyons, reprit la Déroute, croyez-vous que mon capitaine soit homme à rester les bras croisés quand il saura que Mme d’Albergotti est sous les verrous d’un couvent ? Est-ce vous qui le retiendrez à Douvres ? là ! voyons, vous en chargez-vous ?

– Tu as raison, dit Claudine en secouant la tête, Jacques partira.

– Eh ! morbleu ! je le sais bien ! il partira aussitôt que vous lui aurez tout appris. Je vais préparer les étapes.

La Déroute embrassa Belle-Rose à qui il dit seulement, de son air bonhomme, qu’il allait prendre langue à Paris pour savoir où en étaient leurs affaires, et partit le soir même sur le bateau d’un pêcheur qui, par animosité nationale, allait prendre son poisson sur les côtes de France. Tout en jetant ses filets à la mer, il pouvait bien jeter la Déroute sur le rivage.

Un soir, vers dix heures, tandis que Cornélius et Belle-Rose, qui était déjà en état de se lever et de marcher, causaient auprès de Claudine, ils entendirent dans la rue un grand cliquetis d’armes et des cris entrecoupés. Cornélius sauta sur son épée et courut à la porte. Belle-Rose en fit autant.

– Eh ! Jacques, y penses-tu ! s’écria Claudine ; ta blessure n’est pas fermée encore.

– Est-ce une raison pour laisser assassiner les gens ? répondit Belle-Rose.

Et il descendit l’escalier sur les pas de Cornélius.

La rue était obscure, c’était un endroit écarté où il y avait de grands murs longeant de vastes jardins. Au moment où les deux amis ouvraient la porte, ils entendirent crier à l’aide.