Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/37

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mine était rehaussée par le costume militaire ; une fine moustache noire faisait ressortir l’éclat de ses lèvres du galbe le plus pur. Une grande pâleur répandue sur ses traits délicats donnait à sa physionomie un charme et une distinction inexprimables. Jacques se sentit rassuré du premier regard. Ami ou ennemi, il avait affaire à un brave gentilhomme. L’officier considéra Jacques un instant en silence, et un rapide sourire éclaira son visage, où la mélancolie avait jeté son voile mystérieux.

– Si tu es Français, dit-il enfin d’une voix claire et douce, ne crains rien, tu es parmi des Français.

Jacques lui raconta ce qui lui était arrivé ; son sommeil, sa capture, sa délivrance, le péril auquel il avait échappé. L’officier l’écoutait, frisant le bout de sa moustache, les yeux attachés sur les yeux du jeune homme. Jacques comprit la signification de ce regard. Il rougit.

– Vous me prenez pour un espion ? dit-il d’une voix brève.

– Plus maintenant ; la lâcheté n’a pas ces traits honnêtes et ce regard fier. Elle tremble, mais ne rougit pas. Tu es un brave garçon, et tu vas nous conduire au lieu où tu as laissé les batteurs d’estrade.

– Volontiers ; quand je les perdis de vue, ils prenaient le chemin de l’abbaye de Saint-Georges, près de Bergueneuse, et ne peuvent pas être à plus d’une lieue d’ici.

Sur l’ordre du capitaine, on fournit à Jacques un habit, un chapeau, un sabre et des pistolets.

– As-tu jamais manié ces joujoux-là ? reprit l’officier.

– Vous en jugerez, mon capitaine, si nous rencontrons les bandits qui m’ont pillé.

– Va donc !

Jacques se plaça à la tête de la troupe, qui se composait de deux cents cavaliers à peu près portant en croupe autant de grenadiers. Elle venait d’être détachée de la garnison de Saint-Pol, pour repousser les maraudeurs de l’armée espagnole signalés par les éclaireurs.

L’officier trottait à côté de Jacques.