Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/373

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en catimini, on s’embusque derrière un mur, on attend l’heure du berger, et quand l’amant se croit bien tranquille et presque heureux, tout à coup on fond sur lui, pestant et jurant, afin de tout massacrer ! Voilà qui est sauvage, barbare, anthropophage, musulman !

– Il est de fait, observa Cornélius, que ça ne se conçoit pas. Un mari bien appris vous eût tendu une échelle pour grimper à son balcon.

– Oh ! pardieu ! je ne lui en demandais pas tant, et je me serais tenu pour satisfait s’il fût seulement resté tranquille.

– Voilà qui est honnête.

– Le fait est que j’en ai mon habit tout tailladé. Un habit du bon faiseur que j’avais fait venir tout exprès de Paris, et comme il ne s’en trouve pas un second à Douvres ; cela crie vengeance.

– Dame ! dit Cornélius, s’il vous a gâté un peu de satin, j’ai tout lieu de croire, à la couleur de votre épée, que vous lui avez gâté un peu de chair. Partant, quittes.

– Ma foi, monsieur, vous estimez bien peu le satin coupé à la mode de la plus fine galanterie. Et puis, il n’y a guère que celui qu’a frappé monsieur, ajouta-t-il en se retournant du côté de Belle-Rose, qui se souviendra de l’aventure.

– Je suis enchanté de vous avoir secouru, dit Belle-Rose, mais je serais fort aux regrets de l’avoir tué.

– Oh ! ne craignez rien, c’est le mari. Cette sorte d’Anglais a la vie très dure. Après ça, continua M. de Pomereux, l’aventure a ce bon côté, qu’elle me déterminera de passer en France, lettre reçue. Je suis guéri des bonnes fortunes britanniques : on n’y saurait aimer que la dague au poing. Je rentre à Paris et vais me marier.

– Vous ? fit Cornélius.

– Parbleu ! je serai, sur ma parole, un merveilleux mari. C’est un mariage auquel j’ai pris goût parce que