Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/398

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sur le dos avec les sandales aux pieds. Voyez si le cœur vous en dit.

– Le cœur ne m’a jamais parlé du couvent ; il n’entend que Catherine. Ce qu’il y a de fâcheux, c’est qu’il me reste à peine un petit écu ; c’est peu pour un si long chemin.

– Oh ! ne vous inquiétez pas, l’oncle Jérôme y a pourvu.

– Comment ça ?

– Va, m’a-t-il dit, et si Ambroise ne veut pas du couvent…

Ambroise secoua la tête.

– Tu lui remettras, continua la Déroute, ces vingt écus de six livres et ces quatre louis d’or.

En parlant ainsi, la Déroute étala sur une table les pièces blanches et les pièces jaunes. Les yeux d’Ambroise pétillèrent à cette vue.

– Tout ça pour moi ? dit-il la main sur l’argent.

– Tout, et de plus, ce double louis neuf pour Catherine.

Ambroise prit le tout, ouvrit sa valise et serra l’argent tout au fond.

– Ami Blondinet, dit-il, je partirai demain par le coche.

– Et ce sera bien fait ; le couvent y perdra un bon jardinier, mais ce sera la faute du roi.

– Est-ce bien entendu ? reprit la Déroute, tandis qu’Ambroise calfeutrait les écus et les louis entre les chemises et les bas.

– Certes !

– Alors, donnez-moi la lettre de votre bonne Mme Patu.

– La lettre à maman ?

– Oui.

– Qu’est-ce que ça vous fait, la lettre ?

– Eh mais, ça me servira de preuve auprès du père Jérôme ; il faut bien qu’il sache que j’ai rempli sa commission.