Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/401

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui a eu le désir d’être présenté à une personne si pleine de vertus. S’il peut vous être bon à quelque chose, usez de lui en toute liberté.

– Ça pourra venir, mon oncle, ça pourra venir, reprit la Déroute, qui faisait de grandes révérences à coup de pieds.

Malgré le péril de la situation, Claudine se mordit les lèvres pour ne pas rire à la vue de la figure impassible du sergent, qui tortillait son chapeau d’une main et de l’autre se grattait l’oreille.

– C’est bien, mon garçon, très bien, dit-elle en attachant sur lui ses yeux riants ; je crois qu’on peut compter sur toi, et je te prie de prendre cet écu pour boire à ma santé.

Pour prendre l’écu il fallut s’approcher de Claudine ; la Déroute le fit d’un air lourd après que Jérôme l’eut poussé ; mais, en s’inclinant, il dit très bas et très vite :

– Tenez-vous prête, il faut se hâter.

Claudine le remercia d’un regard et s’éloigna rapidement. Elle trouva Suzanne qui l’attendait au détour d’une allée.

– J’ai vu la Déroute, lui dit Claudine d’une voix joyeuse.

– Et moi M. de Charny, répondit Suzanne en entraînant Claudine sous l’ombre épaisse des grands marronniers.

– Tu as vu M. de Charny ? reprit Claudine dont toute la gaieté disparut.

– Si Belle-Rose ne m’a pas délivrée avant trois jours, je suis perdue, continua Suzanne.

Claudine, épouvantée, la serra dans ses bras.

– M. de Louvois est las de ma résistance. Il faut que je sois religieuse ou mariée d’ici trois jours.

– Mais qui peut te contraindre à prononcer tes vœux ?

– Certes, aucune puissance humaine ne me forcera à outrager la majesté divine par des serments que mon