Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/408

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

disait le soldat en forme de péroraison, mais j’ai peur des galères.

– Bah ! dit Cornélius, qui entra sur ces entrefaites, un homme de cœur est toujours le maître de se faire tuer.

Cet argument parut péremptoire à Grippard, qui ne dit plus mot.

– Allons ! dit Belle-Rose, nous agirons bientôt.

– Nous agirons demain, reprit l’Irlandais.

Et il raconta ce qu’il avait appris de M. de Pomereux. Belle-Rose bondit comme un lion.

– Si j’échoue, dit-il, aussi vrai qu’il y a un Dieu, j’irai chez M. de Louvois et je lui ouvrirai le cœur avec ce poignard.

Et d’une main crispée il tourna vers le ciel la lame d’un poignard qu’il portait sous son habit. On décida sur-le-champ que l’on tenterait l’enlèvement dans la soirée du lendemain. Cornélius et Belle-Rose étaient convenus avec la Déroute d’un signal qui le préviendrait du jour fixé pour l’évasion ; ce signal devait partir de la mansarde louée naguère par le sergent, et sur laquelle il avait promis de jeter les yeux d’heure en heure. Belle-Rose s’était muni d’une échelle de corde. Tandis qu’ils discutaient, M. Mériset entra dans l’appartement, son bonnet à la main. Il était un peu pâle, et toute sa personne avait un air de mystère qui sautait aux yeux.

– Pardon, messieurs, si je vous dérange, dit-il, mais je croirais manquer à tout ce que je dois à mes locataires si je ne les prévenais de ce qui se passe.

– Que se passe-t-il donc, mon bon monsieur Mériset ? dit Belle-Rose.

– Voici : des personnes dont la tournure m’est suspecte ont rôdé tantôt à la brune autour de ma maison. Bien certainement, ce n’est pas moi qu’elles sont chargées de surveiller ; d’où j’ai conclu…

– Que ne rôdant pas pour vous, elles rôdaient pour nous, interrompit Cornélius.