Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/412

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Suzanne frissonna et sentit trembler dans sa main la main de Claudine. La Déroute marcha le long du mur et, s’aidant de quelques branches, grimpa comme un chat sur l’arête. La nuit était noire, de gros nuages ayant tout à coup voilé la lune. Il prêta l’oreille, et il lui sembla qu’on chuchotait à dix pas de lui. La Déroute enfourcha le mur, et descendit en plantant la lame d’un couteau entre les pierres. Quand il fut par terre, il alla droit du côté où l’on avait parlé, mais tout à coup deux hommes fondirent sur lui.

– Va-t’en au diable ! lui cria l’un d’eux qui était Grippard, tandis que Bouletord, de son côté, le frappait d’un coup de poignard.

Le choc sauva la Déroute ; il reçut le coup dans ses habits et sauta de côté comme un chevreuil. Bouletord se jeta sur lui, mais le sergent gagna le coude du mur et disparut dans les ténèbres. Au bout de cent pas, il grimpa sur un arbre, prit son élan, debout sur une grosse branche, et tomba dans le jardin du couvent.

– Voilà, monsieur Bouletord, dit-il en se relevant, un coup que je vous revaudrai.


Suzanne et Claudine avaient entendu le cri de Grippard ; ce cri emporta tout leur espoir, comme un coup de vent emporte une étincelle ; elles se serrèrent l’une contre l’autre, tremblant pour Jacques et Cornélius, attentives au moindre bruit et sentant leur cœur battre. On entendait piétiner de l’autre côté du mur. Habitué dès longtemps aux escalades nocturnes et à toute la