Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/417

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de l’hôtellerie du Roi David. Il poussa la porte et trouva Cornélius.

– Enfin ! dit Grippard.

– Tais-toi, répondit Cornélius ; j’attends Christophe et ses chevaux.

– Il s’agit bien de chevaux et de Christophe !

Grippard attira Cornélius dans un coin et lui raconta tout ce qu’il savait des projets de Bouletord.

– Il y aura une douzaine d’hommes autour des jardins, tous armés comme des sacripants, dit-il ; à la moindre alerte, ils ont ordre de faire feu.

– Eh bien ! dit Belle-Rose, qui était survenu sur ces entrefaites, je vais recruter cinq ou six drôles bien déterminés, et ce sera une bataille.

– Dame ! reprit Grippard, les robes ne sont pas des cuirasses ; si les femmes attrapent des balles, ce sera votre affaire.

Belle-Rose mordit ses poings.

– À la grâce de Dieu ! dit-il enfin ; allons toujours, et nous agirons selon les circonstances. Il est trop tard pour prévenir la Déroute.

La nuit vint, on mit de l’avoine sous le nez des chevaux et on quitta l’hôtellerie du Roi David. Ainsi que Grippard le leur avait dit, il y avait des archers tout autour du couvent, ils en comptèrent vingt jusqu’à l’angle du mur où la Déroute les attendait. Belle-Rose frémissait d’impatience.

– Au moins, dit-il, avertissons la Déroute.

Ils avancèrent et donnèrent le mot d’ordre, on les laissa passer et ils gagnèrent le mur. Au bout de trente pas, se croyant seuls, ils s’arrêtèrent ; Belle-Rose tira une échelle de soie de sa poche ; mais au moment où il allait en jeter le bout garni de crampons par-dessus le mur, un homme, qu’un enfoncement cachait à leurs yeux, se jeta sur lui. Belle-Rose lui saisit le bras d’une main, et de l’autre lui planta son poignard dans la gorge. L’homme