Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/419

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– Où diable sommes-nous ? dit Belle-Rose.

– Chez notre ennemi, M. de Pomereux, et nous y sommes mieux que chez notre ami M. Mériset, répondit gravement l’Irlandais.

Cette nuit-là, la maison de la rue du Pot-de-Fer-Saint-Sulpice fut visitée du haut en bas par M. de Charny, qui s’excusa très honnêtement auprès de M. Mériset.

– Les oiseaux sont venus, dit-il à Bouletord, mais ils ont déniché.

Le lendemain, on pouvait voir la Déroute rôder, une serpe à la main, dans les vergers du couvent ; ses yeux se tournaient incessamment vers la porte par laquelle Claudine avait coutume de descendre au jardin. La Déroute sapait les branches autour de lui.

– Eh ! mon neveu, que fais-tu là ? s’écria le vieux Jérôme ; tu massacres cet arbre.

– Je le tue, répondit froidement le neveu ; cet arbre prenait la nourriture de ses voisins. Ne voyez-vous pas que si ces abricotiers n’ont pas de fruits, c’est la faute de ce prunier ?

L’aplomb de la Déroute étourdit Jérôme, qui s’inclina devant la science de son neveu. Vers midi, Claudine parut. Le bras de la Déroute était las de couper. Claudine était fort pâle. Elle jeta les yeux autour d’elle ; Jérôme jardinait dans un coin ; elle s’approcha de la Déroute.

– Tendez votre tablier comme si vous étiez envieuse de cerises, et nous causerons, lui dit-il.

– As-tu entendu ce coup de fusil ? dit Claudine au pied de l’arbre.

– J’en ai eu froid dans le dos, mamzelle.

– Penses-tu que l’un d’eux ait été blessé ?

– Non ; j’étais sous le mur à rôder. Bouletord a juré comme une âme damnée, et ça m’a fait comprendre qu’il n’a rien attrapé.

– Quelle nuit terrible, mon Dieu ! je n’ai fait que prier et pleurer ! Mais, hélas ! tout n’est pas fini !