Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/438

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– Ni moi non plus, ajouta Grippard.

M. de Pomereux partit d’un éclat de rire, et les fugitifs s’engagèrent dans un sentier qui courait à travers champs. Les chevaux épuisés tremblaient sur leurs jarrets. Ils n’avaient pas fait cinq cents pas que Bouletord et M. de Charny arrivèrent sur M. de Pomereux. La maréchaussée montait des chevaux frais qu’elle avait trouvés dans une auberge sur la route, un peu avant Saint-Ouen-l’Aumône. Ces chevaux appartenaient à une bande de maquignons qui les conduisaient à Paris ; Bouletord et M. de Bréguiboul les ayant entendus hennir et piaffer dans l’écurie, s’étaient arrêtés et les avaient requis au nom du roi. Les maquignons avaient d’abord résisté, mais à la vue de l’uniforme et des mousquets ils s’étaient soumis ; on laissa dans l’écurie les chevaux rendus, et l’on partit à fond de train sur les autres, qui ne tardèrent pas à rattraper M. de Charny.

– Sont-ils pris ? demanda M. de Charny un instant immobile au milieu du chemin.

– Qui ?

– Eh ! parbleu ! Belle-Rose et sa clique ?

– Ma foi, ils sont en train de courir.

– Ils courent, et vous ne les poursuivez pas !

– J’ai mon compte, mon cher monsieur de Charny, répondit M. de Pomereux. Mon épée est en pièces, mon chapeau est tout crevé, et en y regardant de bien près, je crois que j’ai deux pouces de fer dans mon habit.

– Sangdieu ! en avant ! hurla Bouletord, qui s’était arrêté trois minutes pour entendre cette conversation.

– En avant ! vous autres ! cria M. de Charny en s’adressant aux laquais.

M. de Pomereux se jeta au devant d’eux.

– Que pas un de vous ne bouge ! s’écria-t-il.

Et il ajouta en se tournant vers M. de Charny :

– Mon rival a ma parole ; allez, nous serons vos témoins.