Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/468

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dont il connaissait l’audace, cherchait à le tromper pour gagner du temps.

– Votre histoire est un conte, mon brave cousin ! s’écria-t-il en le couvrant de son regard étincelant.

– Ah ! vous croyez, fit M. de Pomereux ; eh bien ! regardez !

M. de Pomereux prit nonchalamment M. de Louvois par le bras, et le conduisant à l’une des fenêtres de l’appartement qui donnait sur la cour de l’hôtel, il lui montra du doigt un carrosse qui attendait. La livrée était aux couleurs du prince, et sur les panneaux de la voiture on voyait l’écusson d’azur aux trois fleurs de lis d’or, avec la barre de la maison de Condé.

– S’il vous restait quelque doute, je pourrais les dissiper, ajouta le comte avec la même tranquillité.

Et ouvrant la fenêtre, il appela à toute voix :

– Hé ! l’Épine !

Un laquais à la livrée du prince accourut sous la fenêtre, le chapeau à la main.

– Abaisse vivement le marchepied du carrosse, et dis à Bourguignon de serrer les guides ; nous allons partir.

Le laquais salua et s’avança vers le cocher, qui ramassa les rênes aussitôt. M. de Pomereux referma la fenêtre et se tourna vers le ministre :

– Vous avez vu, monseigneur, dit-il en souriant.

M. de Louvois était pâle de colère : quelle que fût sa puissance, il n’en était pas encore à s’attaquer au prince du sang. L’arrestation d’un officier de la maison du prince de Condé était une de ces choses dont les conséquences pouvaient être incalculables. Les princes de Condé ne plaisantaient pas sur le chapitre de leurs privilèges, et ils étaient gens à mener l’affaire jusqu’au roi. On pouvait tout contre M. de Pomereux, simple gentilhomme ; on ne pouvait rien contre M. de Pomereux, capitaine des chasses, et protégé par l’écu aux trois fleurs de lis d’or.