Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/47

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fortune, à moins que vous ne consentiez à me garder avec vous.

– C’est ce que nous examinerons plus tard, et ce à quoi je consentirais volontiers si ma compagnie pouvait te rendre service. Mais supposons un instant que tu sois arrivé à Paris, qu’y feras-tu ?

– Franchement, je n’en sais rien ; je frapperai à toutes les portes.

– C’est un excellent moyen pour n’entrer nulle part. As-tu quelque argent ?

– Oui, cinquante livres qu’on m’a volées et que j’espère bien rattraper avec ma valise.

– Et quinze louis que je te donnerai pour ta part du butin.

– Eh ! mais, ça fait…

– Ça fait quinze louis. En guerre comme en amour, ce qu’on perd est perdu.

– Ah !

– Avec trois cent soixante livres, tu as juste de quoi battre le pavé de Paris pendant deux mois ; après quoi, tu auras la ressource de te faire laquais.

– J’aimerais mieux me jeter dans la rivière.

– Ce n’est pas le moyen d’épouser Mlle de Malzonvilliers.

– C’est juste. Je puis toujours bien me faire soldat.

– Ceci est une autre affaire. Dans le métier des armes, tu as vingt chances de te faire casser la tête et une de gagner des épaulettes.

– C’est peu.

– Mais à Paris, sur deux chances de faire fortune, tu en as douze de mourir de faim, à moins de consentir à faire certains métiers qui répugnent aux honnêtes gens.

– Le peu de tout à l’heure se réduit maintenant à rien.

– Ah ! mon ami, tu t’es chargé d’une rude entreprise dans laquelle le courage et la persévérance ne peuvent quelque chose que dans le cas où le hasard se met de leur côté.