Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/484

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Germain. Il arriva à la rue du Pot-de-Fer-Saint-Sulpice par la rue de Vaugirard. Comme il en tournait l’angle, il vit un homme caché sous un porche, qui dormait roulé dans une cape de gros drap, le chapeau sur les yeux. Belle-Rose pensa que c’était un laquais qui était tombé là en sortant du cabaret, et il passa outre. La maison de l’honnête M. Mériset semblait, à cette heure avancée de la nuit, la plus silencieuse de toutes les silencieuses maisons du quartier ; les volets en étaient bien clos, et pas une lumière ne brillait par leurs fentes et leurs jointures. Belle-Rose souleva le marteau et frappa. Au troisième coup, le volet d’une fenêtre percée au-dessus de la porte s’ouvrit lentement, et l’on vit la tête patriarcale du père Mériset qui se penchait, protégeant de la main la flamme d’une chandelle.

– Qui va là ? dit-il d’une voix un peu inquiète.

– Descendez vite ! murmura Belle-Rose, on vous le dira quand vous serez plus près.

À l’accent de cette voix bien connue, M. Mériset ferma précipitamment le volet, et courut à l’escalier. Mais en même temps que c’était un homme tout dévoué, M. Mériset était un propriétaire très prudent. N’étant pas bien sûr de la finesse de son ouïe, et voulant éviter toute surprise fâcheuse, il fit jouer la charnière d’un judas taillé dans la porte et regarda son interlocuteur. C’était à quoi s’occupait un troisième personnage, dont Belle-Rose ne soupçonnait pas la présence dans cette partie de la rue du Pot-de-Fer. Ce personnage n’était autre que le laquais qu’il avait vu endormi sous un porche. Au premier coup de marteau, le dormeur secoua ses oreilles et ouvrit les yeux ; au second, il se dressa pour savoir d’où venait le bruit ; au troisième, il marcha du côté de la maison de M. Mériset. À la manière dont il posait son pied par terre, rasant la muraille, il était clair que le prétendu laquais avait quelque intérêt à n’être pas aperçu. Le bout d’une longue rapière dépassait