Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/505

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main son ami la Déroute. Belle-Rose le conduisit à Suzanne.

– Voilà, dit-il, le motif de mon absence ; c’est, vous le voyez, un motif tout charmant que vous aimerez bien vite. N’est-il pas fier et beau comme Achille ?

Suzanne se pencha vers l’enfant qui souriait en rougissant, et l’embrassa.

– C’est le fils de M. d’Assonville, reprit Belle-Rose.

– Le fils de M. d’Assonville ! s’écria Suzanne émue ; oh ! je l’aime déjà !

C’était l’heure où l’abbesse de Sainte-Claire d’Ennery se tenait dans son oratoire après les offices du matin. Belle-Rose lui fit demander un entretien et quitta Suzanne, emmenant Gaston avec lui. Geneviève le reçut avec ce doux sourire qu’elle avait toujours en lui parlant. L’enfant attendait dans une pièce contiguë.

– Vous étiez parti, Jacques, dit l’abbesse, oubliant que votre vie ne vous appartient plus.

– Ma vie appartient à ceux qui l’ont sauvée ; ne vous la dois-je pas un peu ? répondit Belle-Rose.

Il y avait dans la voix du jeune officier quelque chose qui émut Geneviève. Elle le regarda quelques instants, cherchant à lire dans ses yeux.

– Étais-je donc pour quelque chose dans votre voyage ? reprit-elle.

– Pour tout.

L’abbesse pâlit et mit la main sur son cœur, qu’un trouble inconnu faisait battre.

Belle-Rose prit cette main doucement.

– Au moment où je suis parti, ajouta-t-il, Suzanne ne venait-elle pas de m’annoncer qu’elle allait être mère, et ne devais-je pas songer à une autre mère ?

Une joie insensée inondait l’âme de Geneviève.

– Mon Dieu ! s’écria-t-elle, vous vous êtes souvenu de Gaston ?

Et, dans un accès de tendresse folle, oubliant le vœu