Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/545

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– Vous étiez à ce passage, monsieur ? reprit-il en s’adressant à Belle-Rose.

– Oui, monseigneur.

– Emmerich et Réez sont à nous ?

– M. de Luxembourg les a conquis ; l’armée marche sur Utrecht.

– Utrecht sera pris.

– Je le sais.

– De toute la Hollande, il ne restera plus qu’Amsterdam.

– Amsterdam et Guillaume d’Orange.

– On les vaincra, monsieur.

– Je l’espère, monseigneur.

M. de Louvois parlait avec enthousiasme, allant et venant par la chambre ; tout à coup il s’arrêta devant Belle-Rose ; l’expression du triomphe s’effaça lentement de son visage. À son tour le ministre faisait place à l’homme.

– Les affaires du royaume sont finies ; j’imagine, monsieur, que nous pouvons passer aux vôtres, reprit-il.

– Vous n’avez pas tout lu, monseigneur, répondit Belle-Rose en lui montrant du doigt un pli cacheté qu’il avait tiré de la dépêche.

M. de Louvois brisa le cachet et parcourut le papier du regard. Son visage, tout à l’heure empourpré, devint d’une pâleur livide ; il tomba plutôt qu’il ne s’assit sur son fauteuil. M. de Charny quitta la fenêtre et vint à lui.

– Lisez, lui dit le ministre.

M. de Charny termina sa lecture sans que son visage impassible exprimât aucune émotion. Tandis qu’il parcourait la dépêche, M. de Louvois se tourna vers Belle-Rose :

– Allez, monsieur, dans la pièce à côté, lui dit-il d’une voix brève et tremblante de colère ; dans un instant vous me verrez.

Belle-Rose salua et sortit.