Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/561

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masqué, et par les trous du masque il voyait seulement deux yeux dont le feu sombre le brûlait.

– Si c’est de l’or que vous voulez, dit-il en affectant de rire, voilà ma bourse.

Belle-Rose prit la bourse et jeta l’or par terre. M. de Charny frissonna ; un instinct secret lui disait qu’il était en présence d’un danger terrible.

– Mais alors, que voulez-vous ? s’écria-t-il.

– Votre vie.

M. de Charny rassembla toute sa sombre énergie pour braver son ennemi en face.

– Pardonnez-moi, monsieur, reprit-il, je vous prenais pour un voleur, et vous êtes un assassin.

Belle-Rose pâlit sous son masque à cet outrage :

– Chacun de nous a son épée, reprit-il froidement. Descendez, monsieur.

M. de Charny descendit. Ils étaient au coin de la rue de l’Arbre-Sec et de la rue des Fossés-Saint-Germain-l’Auxerrois ; pas une lumière ne brillait aux fenêtres des maisons voisines, pas une voix ne s’entendait dans le silence. Le cocher était sur son siège, morne et raide comme un corps pétrifié, le piqueur râlait par terre ; la scène était éclairée par une torche que Grippard tenait d’une main, à l’autre étincelait son épée nue. La Déroute avait coupé les rênes des chevaux et attendait un ordre pour agir.

– Monsieur, s’écria M. de Charny, il faut qu’il y ait quelque méprise là-dessous. Je ne vous connais pas.

– Vous me connaîtrez quand l’un de nous sera par terre.

– Mais c’est un guet-apens !

– C’est un duel.

– Et si je ne veux pas me battre ?

– Vous en êtes le maître, mais vous mourrez plus sûrement et plus vite.

Belle-Rose appela la Déroute d’un signe de tête, et