Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

bien conté cette histoire, mais je l’avais presque oubliée ! Un amour de soldat, mais c’est une fleur d’automne !

Belle-Rose regarda la pendule ; ce mouvement n’échappa point à M. de Nancrais.

– Eh ! mon garçon, il n’y a qu’un quart d’heure ! Qu’est-ce ?

– C’est une lieue.

Le capitaine s’approcha de la table, écrivit quelques mots sur un bout de papier et signa.

– Va-t’en au diable ! dit-il à Belle-Rose en lui donnant le papier.

Mais au moment où Belle-Rose se retirait, il lui prit la main :

– Tu es le fils du vieux Guillaume, mon ami, ne fais pas de sottise ; tu nous affligerais, M. d’Assonville et moi ; tu as l’âme honnête, aie le cœur fort.

Belle-Rose serra la main de M. de Nancrais et s’élança hors de l’appartement.


Un quart d’heure après avoir quitté M. de Nancrais, Belle-Rose, à cheval sur un bidet de poste, courait ventre à terre sur la route de Saint-Omer. À tous les relais il donnait de l’or aux postillons et frappait ensuite sans relâche les flancs de sa monture à coups d’éperons. Belle-Rose filait comme un boulet. Quand il aperçut le clocher de Saint-Omer, il n’avait pas dit quatre paroles, mais il avait crevé quatre chevaux. Au dernier relais, il sauta sur la route et prit à travers champs dans la direction de Malzonvilliers. Les sons de la cloche lui venaient par volées ; bien que ce ne fût pas un jour de fête, personne ne travaillait. Cette solitude et ces tintements confondus