Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/90

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Il se souvint alors que ce jour-là même il devait attendre sa sœur à la porte Saint-Honoré. Il eut un instant la pensée de lui écrire pour se dégager de sa promesse ; mais, en homme bien avisé, il comprit que les choses pouvaient s’arranger. À sa sœur, il donnerait le jour ; aux affaires de M. d’Assonville, le soir. Belle-Rose fut exact au rendez-vous ; sa sœur et lui montèrent en fiacre et prirent le chemin de Neuilly. Après avoir vainement cherché un gîte aux Porcherons, qu’une compagnie de mousquetaires avait envahis, Belle-Rose, au moment où le fiacre passait sur la chaussée, entendit une voix qui l’appelait par son nom. Il se pencha vers la portière, et vit, à la fenêtre d’un cabaret, un gentilhomme qui le saluait un verre de vin de Champagne à la main.

– Bien du plaisir, Belle-Rose ! disait-il.

– Quel est ce gentilhomme ? demanda Claudine à son frère qui inclinait sa tête.

– M. de Villebrais, mon lieutenant.

Après s’être promenés quelque temps dans les environs, Belle-Rose et sa sœur firent entrer le fiacre dans un chemin de traverse. Il y avait au bout d’une prairie une maison devant laquelle de beaux arbres étendaient leur ombre ; cette maison avait l’apparence d’une ferme. Espérant que dans ce lieu écarté on pourrait leur servir à dîner, Belle-Rose y courut, laissant sa sœur sur le bord du chemin.

Comme il revenait, battant les buissons avec un roseau qu’il tenait à la main, il entendit des cris d’effroi auxquels son nom était mêlé ; il pressa le pas, et vit Claudine qui se débattait aux mains d’un cavalier. En un bond, Belle-Rose fut sur la route.

– Eh ! parbleu ! arrive donc, s’écria le cavalier, tu m’aideras à faire comprendre à cette belle enfant que je ne suis pas un croquant !

Le cavalier n’avait pas terminé sa phrase, que déjà Belle-Rose, arrachant Claudine de ses bras, s’était placé entre eux.