Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/36

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cette infidélité lui fit prendre la résolution de ne pas lui découvrir dans quel but elle allait avoir recours à des forces secrètes. Mais quel embarras de fouiller dans ces livres, de lire toutes ces lois mystérieuses, toutes ces préparations auxquelles elle ne comprenait rien ; ces moyens de trouver la pierre philosophale, de citer les esprits, de guérir les maladies, d’enchanter les animaux, et même de faire de l’or.

Moyen il est vrai si difficile, qu’il eût été, je crois, plus commode d’aller au soleil dans un char attelé de deux lunes.

Après une semaine passée dans d’infructueuses recherches, elle découvrit enfin, dans un de ces livres, le moyen d’avoir la racine de mandragore et d’en obtenir de l’argent ; c’est tout ce que peut désirer un être humain.

Mais, bien que ce fût une des plus simples opérations de la magie, elle présentait cependant d’extrêmes difficultés. La magie, en effet, demande un rude apprentissage. Qui pourrait aujourd’hui affronter toutes les épreuves auxquelles il fallait se soumettre pour avoir la mandragore ? Qui pourrait les accomplir avec succès ? Il faut une jeune fille qui aime de toute son âme, qui, oubliant toute la pudeur de son rang et de son sexe, désire ardemment voir son bien-aimé ; condi-