Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/47

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dant elle finit par lui en placer une paire à la nuque, et nous devons avouer que cette disposition n’est pas tout à fait à dédaigner pour son originalité. Elle était en même temps joyeuse et triste d’avoir ainsi créé un être qui devait lui donner tant de tourments, comme tous les hommes en donnent à leur créateur ; d’un autre côté, en regardant son petit monstre informe, elle était contente comme un jeune artiste à qui tout réussit au-delà de ses espérances.

Elle le coucha dans un petit berceau trouvé dans la maison, l’enveloppa bien dans les couvertures, et l’enferma soigneusement pour le cacher à la vieille Braka ; c’était son premier secret.

Braka arriva le surlendemain, en s’annonçant par le miaulement convenu ; elle vit bien qu’il était arrivé quelque chose d’extraordinaire à Bella ; aussi se mit-elle à l’interroger finement sur tous les points.

— Dieu soit loué, dit-elle lorsqu’elle eut remarqué l’absence du chien noir, le chien n’y est plus ; je l’aurais bien tué depuis longtemps, le mâtin, si je l’avais osé ; mais il nous avait été laissé par ton père, c’est à cause de cela que je me suis retenue ; cependant un jour je l’avais enfermé dans un sac pour le noyer, mais au moment où je soulevais le sac pour le jeter à l’eau, il me mordit si fort la main que je lâchai l’en-