Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/58

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déjà vécu une fois, la connaissance des choses humaines lui revint tout à coup. Indifférent à tous les tableaux que Braka lui avait faits de la vie délicieuse des boulangers et des sommeliers, rien ne le séduisait autant qu’un bâton de maréchal ; vêtu d’un brillant costume, comme celui du maréchal dont le portrait était au château, galoper à la tête de milliers de cavaliers et recevoir leurs hommages, voilà ce qu’il voulait. Aussi, ordonna-t-il que, dans la maison, on ne l’appelât jamais autrement que le maréchal Cornélius.

— Pour cela, il faut de l’argent, dit la vieille ; ici-bas, rien pour rien ; de l’argent ! de l’argent ! crie sans cesse le monde.

— Quant à l’argent, je m’en charge, répondit le petit homme ; aussi bien, je ne suis pas tranquille ici, il doit y avoir un trésor caché dans ce coin.

La vieille se mit aussitôt à gratter avec ses ongles la pierre qu’il avait indiquée ; puis, comme cela n’allait pas assez vite, elle prit une barre de fer qui fermait la porte, et se mit au travail ; par bonheur, le trésor était immédiatement derrière cette pierre ; au reste, tous les coups de pied du maréchal ne l’auraient pas empêchée de traverser le mur tout entier. Aussi, sans se troubler des morsures et des égrati-