Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/59

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gnures du petit, elle amena bientôt une grosse cassette remplie de beaux écus d’or et d’argent. Elle s’assit dessus, puis tint ce discours solennel :

— Mes enfants, jeunesse n’a pas de sagesse, dit le proverbe ; les vieux connaissent les sottises des jeunes ; vous ne savez ni l’un ni l’autre vous servir de l’argent, et vous seriez bientôt entre les mains de la justice soupçonneuse, si je n’étais là pour vous conseiller ; écoutez donc mes paroles et faites ce que je vous dirai, pour jouir en toute sûreté de ce trésor. Écoute, Bella, tu m’as souvent appelée ta mère, je veux t’en tenir lieu, et en porter le nom dans le monde, où je vais t’introduire. Toi, Cornélius, tu dois te faire passer pour mon neveu, pour le cousin de ma chère Bella ; tu pourras ainsi habiter avec nous ; nous te recommanderons à quelque empereur qui te prendra comme feld-maréchal ; nous t’achèterons un beau costume, avec une épée, un casque, un cheval de bataille, et alors tu seras heureux ; lorsque tu passeras dans les rues, les gens te montreront au doigt, en disant : Voilà le noble, le jeune chevalier, le feld-maréchal, le hardi guerrier. Les jeunes filles baisseront les yeux, et tu galoperas devant tous les autres en retroussant ta moustache.

Si Cornélius avait regardé la vieille, il aurait bien vu