Page:Acker - Petites Confessions, sér1, éd3.djvu/65

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par la suite d’une façon très satisfaisante. Ce sont ces organes inutiles qui abrègent notre existence. Sans doute, malgré les progrès réalisés par la chirurgie, on ne peut pas songer à éliminer le gros intestin à l’aide du bistouri. Peut-être dans un avenir lointain s’engagera-t-on dans cette voie, mais pour le moment, il est plus rationnel d’agir contre les microbes nuisibles qui le peuplent et de remplacer cette flore intestinale par une flore artificielle. Ainsi, moi, depuis des années, je mange du lait caillé qui contient des microbes bienfaisants.

Et, de nouveau séduit par une comparaison, il ajouta :

— Vous avez acheté un terrain couvert de plantes sauvages, rien ne vous empêche de les détruire et d’en cultiver d’autres. Les mauvais microbes viennent de notre nourriture : changeons notre nourriture. Pas de fraises, pas de radis, pas de salades, nul fruit ou nulle herbe qui ait touché la terre, à moins de les cuire. Vous mangez des fraises, n’est-ce pas ? Eh bien ! les fraises renferment les bacilles du tétanos. En tout cas, si l’on n’arrive pas à modifier cette flore, on peut la rendre indifférente…

Ainsi, dans son calme et clair laboratoire, tout près de ces creusets et de ces éprouvettes où, tous les jours, il cherche le bonheur des hommes, Élie Metchnikoff, toujours campé sur son escabeau, déroulait, de sa voix tranquille et sûre, le long et splendide tableau des hypothèses offertes à notre