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XIV
MADAME LOUISE ACKERMANN

C’est alors que se nouèrent ses relations avec le docteur Seeligmann, qui, vingt-cinq ans plus tard, à Paris, où comme elle il avait émigré après la guerre, lui prodigua ses encouragements et ses soins pendant les mois cruels de maladies successives des printemps de 1887, 1888, 1889.

Elle s’étendait volontiers sur cette époque, donnant gaiement la recette des pâtés qu’elle confectionnait en l’honneur de ses visiteurs, les préservant du thym et du laurier traditionnels. Le résultat obtenu remportait tous les suffrages : « Mes pâtés étaient meilleurs que mes vers, » concluait-elle. Dans combien de détails elle aimait à entrer ainsi ! Son individualité primesautière s’y montrait dans toute sa spontanéité.

Quelques-unes de ses Pensées donnent très exactement la physionomie et l’atmosphère de son existence d’alors, — qu’elle recommençait chaque jour par une visite à ses orangers, dont les fruits étaient pour elle le repas matinal :


« Mon premier soin, lorsque je me lève, est d’aller voir comment mes arbres ont passé la nuit, mes arbres fruitiers surtout. Quelle vi-