Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/28

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lui qui avait perdu, par le crime d’un traître, sa province, sa petite patrie.

Bien des années plus tard, un jour que le duc d’Aumale me parlait du procès Bazaine et de Guioth, que le prince appelait « notre ami », il me répéta le mot dit par lui au moment du procès :

« Guioth et moi nous avions deux indignations dans nos deux consciences », et il ajouta : « parce que l’ambitieux effréné que nous jugions sentait et savait, en trahissant son pays, la criminalité de ses actes et les malheurs qui devaient en résulter.

— Vous croyez, monseigneur, que cet homme entrevoyait « qu’il y avait la France » ?

— Oui, et il lui a préféré la plus louche des combinaisons personnelles. »

Mais nous voilà loin de 1855.

L’une de mes cousines, Mme Fischer, de Laon, passant par Soissons, vint me voir, et, comme nous causions littérature, elle me parla, avec indignation, d’un livre dont l’auteur était le fils du rédacteur en chef du Journal de l’Aisne.

« Ce jeune homme, me dit-elle, a ridiculisé à tout jamais notre ville de Laon. C’est odieux ! Nous-mêmes, dans la famille, nous avons des victimes de ce Champfleury et de ses « Bourgeois de Molinchard ».