Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/41

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étalé des jupes empesées me paraissant préférable, non parce que les hommes applaudissaient tout haut à ma résistance, car je n’étais nullement occupée de leur plaire, mais parce que je trouvais la mode grotesque.

Dans l’un de ses feuilletons, Alphonse Karr déclarait qu’il n’y avait pas une seule jeune et jolie femme en France qui ne portât cette crinoline, dont il détaillait les indiscrétions dans les escaliers, à la descente et à la montée des voitures, ou lorsqu’une femme s’asseyait dans un fauteuil trop étroit.

Pauline Barbereux m’apportait le Siècle, son père le recevant. Elle enviait mes jupes empesées et avait horreur de la crinoline, mais sa mère la lui imposait comme « plus convenable ». Nous lisions haut, tour à tour, l’article d’Alphonse Karr. Au passage : « Il n’y a pas une seule jeune et jolie femme en France qui ne porte de crinoline », je dis à mon amie : « Si j’écrivais à Alphonse Karr qu’il y a moi ? — Oui, oui. » s’écria-t-elle. Et me voilà faisant ma lettre. Bien entendu, je ne comptais pas la signer. Alors je m’étendis complaisamment sur ma personne dans le billet qui accompagnait mes « Réflexions ». « Oui, monsieur, il y a une jolie femme de vingt ans qui ne porte pas de crinoline, qui n’en a jamais porté, il y en a une en France, une provinciale, et c’est moi : Juliette. »

Je me permis des considérations nombreuses