Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

est une trouvaille de l’esprit et du bon sens français, telle qu’on n’en fera jamais de meilleure. Ces simples mots ont été le « Sésame, ferme toi » du temple élevé à Cousin par l’adulation universitaire.

— Ce que je reproche à Taine, reprenait M. Renouvier, et qui filtre partout dans ce qu’il écrit, c’est sa haine de la Révolution française, de la démocratie et des masses. Il est par là destiné à devenir le champion du positivisme. La conception du Gouvernement par une élite l’enrégimentera parmi les disciples de Comte ; quel dommage ! Voyez combien Littré a perdu de temps à se dégager des petites pratiques du comtisme.

— Non, répliquait M. Fauvety, jamais on n’enrégimentera Taine. Les Essais de critique et d’histoire en sont une nouvelle preuve ; quelle indépendance, quelle personnalité dans l’idée, dans le jugement, dans le style ! Taine restera une espérance ou une inquiétude pour tous les systèmes philosophiques. Il a pris en mains ce qui flagelle. Il se croira le justicier, et c’est lui qui cinglera, durant ce prochain demi-siècle, toutes les idées qui se détérioreront à l’usage. Moi, philosophe, je n’ai peur que de lui et je n’ai confiance qu’en lui ! »

Mme  Fauvety aimait naturellement à parler de théâtre. Aucune pièce n’était représentée sans qu’elle la connût, mais, goût particulier, elle attendait toujours l’annonce des dernières