Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/27

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poser sur un instrument à moi, ce qui ne m’était pas encore arrivé.

Quelques jours après la représentation de Pierre et Catherine, un auteur de réputation, Vial, l’auteur d’Aline, me confia un poëme en trois actes qu’il avait fait en collaboration avec Paul Duport. C’était encore un sujet russe, il était intitulé Danilowa. La pièce ne manquait pas d’intérêt et je me mis immédiatement à l’ouvrage. Mais une année s’écoula avant qu’on ne jouât Danilowa et c’était trop long à attendre. Je continuai donc d’écrire quelques pièces pour les Nouveautés. Mais le directeur de l’Opéra-Comique tenait à son privilège exclusif et il faisait une rude guerre aux théâtres de vaudeville qui donnaient de la musique nouvelle. Cette prétention absurde d’empêcher des théâtres de préparer des compositeurs et des chanteurs a fait le plus grand tort à l’art musical. Derval, Brindeau, Bressant, eussent été d’excellents ténors, si, au début de leur carrière, on ne leur eût défendu de chanter autre chose que des vaudevilles. Le lendemain de la représentation d’une pièce dont j’avais fait la musique aux Nouveautés, le directeur Ducis envoya une assignation pour s’opposer à ce qu’on continuât de jouer un ouvrage dont les airs étaient nouveaux. Les Nouveautés étaient alors dirigées par Bohain et Nestor Roqueplan, propriétaires du journal le Figaro. On venait de jouer à