Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/30

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quelques mois, mais j’avais la plus grande difficulté à comprendre ce qu’on me disait. J’étais malade et mon médecin, le docteur Lubellinage, qui parlait fort bien français, m’indiqua le pharmacien où je devais allais chercher quelques drogues. Ce pharmacien ne savait pas un mot de français ; j’essayai de mon anglais : il me comprit à peu près ; mais il me fut impossible de rien comprendre à sa réponse. Je ramassai alors dans ma mémoire tout ce que je savais de latin, et malgré la différence de prononciation, nous nous entendîmes à peu près. Cependant comme nous étions fort mauvais latinistes l’un et l’autre, nous ne faisions que recouvrir nos idiotismes de mots latins, et il s’ensuivait plus d’un quiproquo : ainsi un jour en me donnant une boîte de pilules, mon pharmacien me fit cette recommandation : Capiendum tota nocte. Je fus un peu effrayé de l’idée de passer la nuit entière à avaler des pilules. J’allai confier ma crainte à Lubellinage qui m’expliqua que le latin n’étant que le mot à mot de la tournure britannique, voulait dire : À prendre chaque soir.

Mason, directeur du King’s théâtre avait engagé Nourrit, Levasseur, Damoreau et Mme Damoreau pour jouer en français Robert le Diable alors dans toute sa nouveauté. Meyerbeer vint pour les répétitions : il fut enchanté de l’orchestre à la lecture. — C’est très-bien, dit-il, avec sept ou huit répé-