Page:Adhémar - La philosophie des sciences et le problème religieux.djvu/45

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Qu’il s’agisse de Physique, de Chimie ou de Politique, qui n’a reconnu mainte fois combien la connaissance livresque est peu de chose à côté de la connaissance vécue.

Mais cette pensée vécue, dans la zone obscure de l’esprit, n’est-ce point un retour à l’inconscient ? Non point, proteste M. Le Roy ; c’est l’activité mentale supra-logique, analogue à l’inspiration poétique. « C’est l’unification du moi dans un progrès intellectuel vivement senti — source de discours — non discursive en elle-même, elle ne prend corps et ne se manifeste visiblement que par les concepts imparfaits qu’elle suscite, concepts dont aucun, sans doute, ne l’épuise ou ne l’égale, mais concepts dont chacun la montre au loin et la révèle comme son centre et sa fin. Voici que j’arrive, par exemple, au dernier tournant d’une recherche ardue. J’en suis à l’instant où surgit aux regards de l’intuition l’ineffable lumière de la découverte. Un pressentiment d’aurore me remplit toute l’âme. Ma pensée se meut alors sans divisions ni contours dans le silence intérieur. Tout discours est impossible. Non point que mes représentations soient troubles ou incomplètes. Elles sont, au contraire, trop riches, trop complexes, trop vivantes et vibrantes, trop lumineuses, trop concrètes pour que je puisse les enfermer en des mots : objets d’action intime, transcendants à la parole. Ce n’est qu’après une cer-