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PREMIER DIALOGUE.

Les études aussi, les études graves et fortes se poursuivaient dans les Universités de Bologne, la Mater Studiorum, de Padoue, de Naples, d’Arezzo, de Crémone. C’était partout, de ville à ville, de contrée à contrée, une émulation passionnée de savoir et de gloire. La science était petite encore et peu expérimentée mais elle était bien vivante et promettait beaucoup. Elle n’enseignait pas tristement, le front penché sur les livres ; elle parlait de bouche à bouche, de cœur à cœur, dans de belles enceintes sonores, en plein air, à une jeunesse ardente, qui, de loin, à travers mille dangers, accourait l’épée au poing comme pour la bataille. La science voyageait, elle s’offrait à tous généreusement. Elle donnait des franchises et des immunités ; elle décernait avec magnificence des palmes et des couronnes. Elle aimait. Plutôt que de quitter leurs élèves, des professeurs refusaient la souveraineté. Le premier qui fut docteur à Florence, le jurisconsulte Francesco da Barberino, fut gradué après avoir écrit les Documents d’Amour : I Documenti d’Amore.

Des hommes éloquents, des orateurs, vous imaginez s’il en devait naître là où chaque jour, à toute heure, pour le salut de la république ou pour le triomphe de son parti, il fallait s’efforcer de convaincre ou d’entraîner le peuple !

Les écrivains non plus, en vers et en prose, ne manquaient pas. Ils ne s’étaient pas laissé devancer par les artistes. La poésie chevaleresque, venue de la Provence dans les cours de Sicile où elle avait jeté un vif éclat, la trovatoria, comme on disait alors, s’était