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DANTE ET GŒTHE.

daigneux, disait qu’il s’en allait ainsi par les chemins. « fantastiquant, » fantasticando, spéculant, et cherchant si l’on ne pourrait pas prouver que Dieu n’existe pas ?

DIOTIME.

C’est lui-même ; seulement Boccace, en ceci, fait une confusion. Guido était platonicien ; c’est son père, Cavalcante dei Cavalcanti, qui professait certaines opinions peu favorables à l’existence de Dieu, et qu’on désignait alors sous le nom un peu vague d’épicurisme.

ÉLIE.

Parmi tous ces écrivains fameux, amis ou émules de Dante, vous ne nous avez pas nommé Brunetto Latini ?

DIOTIME.

J’allais y venir. Celui-ci mérite une place à part ; son importance est extrême. C’était un homme de grande race, de grand caractère et de grand esprit. Tout en s’adonnant aux affaires d’État, tout en menant pendant près de vingt années le parti guelfe, envoyé tour à tour en ambassade et en exil, secrétaire ou notaire de la République florentine, Brunetto Latini trouva le temps, néanmoins, d’approfondir toutes les sciences alors connues, de traduire les classiques latins dans une prose italienne originale et pure, d’enseigner la jeunesse, de composer dans la langue française un ouvrage encyclopédique qu’il appela le Trésor,